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DU CANADA.

de leur industrie ; et continuer sans interruption à développer leurs établissemens.

L’on aurait tort de croire avec quelques auteurs que l’espace qui s’écoula de 1713 à la guerre de 1744 fut nul pour l’histoire. Aucune époque, comme nous l’avons déjà dit, ne fut plus remarquable par les progrès du commerce et de la population, malgré la décadence et les embarras financiers de la mère-patrie, qui réagirent sur toutes ses colonies et retardèrent leur accroissement d’une manière fâcheuse. Par sa seule énergie, le Canada triompha des désavantages de sa situation dont le plus grave était son interdiction aux vaisseaux et aux marchandises étrangers. Mais il était encore trop faiblement peuplé pour sentir tout ce que cette tyrannie avait d’oppressif. Les colonies anglaises supportaient en silence le même joug, mais elles songeaient, elles alors, aux moyens de s’y soustraire.

D’un autre côté, la traite des pelleteries et les guerres continuelles avaient fait perdre à une partie des Canadiens le goût de la paix. Peuple chasseur et guerrier, il méprisait trop l’agriculture, les arts et le commerce ; la considération et les honneurs ne pouvaient s’acquérir à ses yeux, que dans les combats et dans les entreprises hasardeuses et semées de dangers. Il fallait donc une longue tranquil-