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HISTOIRE

avons assisté à la naissance, suivi les progrès des colonies anglaises jusqu’à la fin du 17e siècle, et esquissé les formes de leur société et les principes qui la dirigeaient. S’expatriant pour fuir la tyrannie et les persécutions, leurs habitans ne soupiraient qu’après la liberté ; ils ne craignaient rien tant que de retomber sous un joug pareil à celui auquel ils n’avaient pu se soustraire qu’en quittant leur pays. Pendant longtemps ils se crurent les dominateurs de l’Amérique septentrionale. Leurs établissemens faisaient des progrès rapides ; ceux des Français ne sortaient pas de leur berceau, où ils semblaient destinés à périr ; mais lorsqu’enfin ils virent Colbert peupler le Canada de soldats licenciés et élever des forts sur leurs frontières, ils s’alarmèrent et pressèrent l’Angleterre d’éloigner d’eux des voisins qui troublaient leur commerce et menaçaient leur indépendance. Témoins de l’ambition et des conquêtes de Louis XIV, qui dictait des lois à l’Europe, ils tremblaient que quelque jour la puissance de ce monarque ou de ses successeurs, ne se fit sentir en Amérique comme dans l’ancien monde. Le Canada, organisé militairement, pouvait devenir un voisin incommode et dangereux. Ils voulurent donc détruire, dès son enfance, cet ennemi qui les menaçait déjà, qu’ils ont combattu tant de fois depuis, et qui,