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HISTOIRE

tout le pays qui s’étend depuis la rivière de Pentagoët jusqu’au golfe St.-Laurent ; 4o. Enfin, que toute la rive méridionale de la rivière St.-Laurent serait déclarée n’appartenir à personne et demeurerait inhabitée.

À ces conditions, Sa Majesté britannique voulait bien confier aux Commissaires des deux nations la décision du surplus de ses prétentions. C’était une véritable déclaration de guerre, car la cour de Versailles ne pouvait accepter ces conditions, qui équivalaient à la perte du Canada, et qui l’auraient déshonorée aux yeux du monde entier. Aussi les accueillit-elle par un refus absolu[1]. Les négociations se prolongèrent, nourries par de nouvelles propositions, jusqu’au mois de juillet, chaque partie protestant qu’elle agissait avec candeur et confiance, et les ministres de la Grande-Bretagne, sur l’inquiétude causée par la destination de la flotte de l’amiral Boscawen, assurant ceux de la France que certainement les Anglais ne commenceraient pas. Le duc de New-Castle,

  1. Le ministre écrivit alors au gouverneur du Canada : « Quoiqu’il en soit, Sa Majesté est très résolue de soutenir ses droits et ses possessions contre des prétentions si excessives et si injustes ; et quelque soit son amour pour la paix, elle ne fera pour la conserver que les sacrifices qui pourront se concilier avec la dignité de la couronne et la protection qu’elle doit à ses sujets » [Documens de Paris]. La cour était de bonne foi dans ces paroles.