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DU CANADA.

empara enfin, et tout ce qu’il y avait dedans fut passé au fil de l’épée. La ville fut ensuite livrée aux flammes. Deux maisons seulement furent épargnées, celle où l’on avait porté un officier canadien blessé, M. de Montigny, et celle du commandant de la place, le capitaine Sander, dont l’épouse avait autrefois généreusement recueilli quelques prisonniers français, et qui reçut dans cette circonstance le prix de sa noble conduite. Un grand nombre de personnes périrent dans ce massacre, fruit du système atroce de guerre qu’on avait adopté, et secondes représailles de celui de Lachine attribué aux instigations des Anglais. On accorda la vie à une soixantaine de vieillards, femmes et enfans, échappés à la première furie des assaillans, dont 27 furent emmenés en captivité.[1] Le reste de la population se sauva dans la direction d’Albany, sans vêtemens, au milieu d’une neige épaisse qui tombait toujours poussée par un vent violent. Vingt-cinq de ces fugitifs perdirent des membres qu’ils s’étaient gelés.

La nouvelle de cette affreuse tragédie arriva dans la capitale de la province au point du jour. Elle y fut apportée par un homme qui n’avait

  1. Plusieurs de ces détails m’ont été fournis par le Dr. O’Callaghan auteur d’une Histoire de la Nouvelle-York sous la domination Hollandaise, et qui les a puisés dans les archives du pays où s’est passé l’événement.