Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome III, 1848.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
DU CANADA.

habitans des villes une livre de bœuf, cheval ou morue en outre du quarteron de pain jugé insuffisant. 12 à 1,500 chevaux furent achetés par l’intendant pour la nourriture. N’ayant rien à donner aux troupes, on les répandit dans les campagnes pour être nourries par les habitans, que l’on supposait encore les mieux pourvus dans la disette générale. À la fin de septembre le chevalier de Levis ayant reçu ordre de réduire la ration des garnisons, fut informé que les soldats murmuraient ; il fit rassembler les grenadiers et les réprimanda sur l’insubordination qui se manifestait parmi les troupes, insubordination qui était, du reste, excitée, à ce qu’il paraît, par les habitans et les soldats de la colonie. Il leur dit que le roi les avait envoyés pour défendre cette contrée non seulement par les armes, mais encore en supportant toutes les privations que les circonstances demanderaient ; qu’il fallait se regarder comme dans une ville assiégée privée de tout secours, que c’étaient aux grenadiers à donner l’exemple, et qu’il ferait punir toute marque de désobéissance avec la plus grande sévérité. Les murmures cessèrent pendant quelque temps. Mais dans le mois de décembre la ration ayant été de nouveau réduite, et les soldats obligés de manger du cheval, la garnison de Montréal refusa d’en recevoir. M. de Levis les harangua