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DU CANADA.

Ceux-ci pouvaient à peine suffire à boucher les plus grandes brèches, lorsque le 21 juillet un boulet mit le feu à l’un des cinq vaisseaux de guerre qui restaient à flot dans le port. C’était un 74 ; il sauta et en incendia deux autres qui étaient près de lui et qui furent consumés. Les deux derniers échappèrent ce jour-là aux plus grands périls, étant obligés de passer entre les batteries ennemies et le canon des vaisseaux embrasés que le feu faisait partir, mais ce fut pour tomber quelque temps après entre les mains des assiégeans, qui entrèrent dans le port pendant une nuit fort obscure, les surprirent, en brûlèrent un et emmenèrent l’autre.

Après ce dernier coup, les Français durent songer à abandonner la lutte. Le port était ouvert et sans défense. On n’y voyait plus que des débris de vaisseaux ; les fortifications n’étaient plus tenables ; toutes les batteries des remparts étaient rasées ; il restait à peine une douzaine de pièces de canon sur leurs affûts, et la brèche était praticable en beaucoup d’endroits, tellement que les femmes, après le siége, entraient par ces brèches dans la ville. 1,500 hommes ou le tiers de la garnison avaient été tués ou blessés. L’on s’attendait d’une heure à l’autre à voir les ennemis monter à l’assaut. Les habitans, qui en redoutaient les