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HISTOIRE

et ce ne fut que lorsqu’elles arrivèrent à la distance indiquée, que la mousqueterie assaillit ces masses compactes avec un effet si terrible qu’elles tressaillirent, chancelèrent et tombèrent en désordre. Elles se remirent aussitôt néanmoins, et revinrent à la charge ; mais, oubliant leur consigne, elles commencèrent à tirer, et le feu devint d’une vivacité extrême sur toute la ligne et se prolongea fort long-temps ; mais après avoir fait les plus grands efforts, les assaillans furent obligés de reculer une seconde fois, laissant le terrain jonché de leurs cadavres. Après avoir repris haleine, ils reformèrent leurs colonnes et se précipitèrent de nouveau contre les retranchemens avec furie ; mais partout ils furent reçus avec la même fermeté et le feu le plus vif et le plus soutenu qu’on eût jamais vu. Le général français s’exposait comme le dernier des soldats. Du centre où il s’était placé, il se portait partout pour donner ses ordres, ou mener lui-même des secours sur les points qui périclitaient. Après avoir fait des efforts inouïs, les assaillans furent encore repoussés.

Etonné de plus en plus d’une résistance si vigoureuse, le général Abercromby, qui avait cru que rien n’oserait tenir devant lui avec les forces accablantes qu’il avait à sa disposition, ne pouvait se persuader qu’il échouerait