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DU CANADA.

la cour de justice établie à Annapolis. Les petits différends qui pouvaient s’élever de loin en loin entre les colons étaient toujours terminés à l’amiable par les anciens. C’étaient les pasteurs religieux qui dressaient tous les actes, qui recevaient tous les testamens. Pour ces fonctions profanes, pour celles de l’Église, on leur donnait volontairement la vingt-septième partie des récoltes. Elles étaient assez abondantes pour laisser plus de faculté que d’exercice à la générosité. On ne connaissait pas la misère, et la bienfaisance prévenait la mendicité. Les malheurs étaient pour ainsi dire réparés avant d’être sentis. Les secours étaient offerts sans ostentation d’une part ; ils étaient acceptés sans humiliation de l’autre. C’était une société de frères, également prêts à donner ou à recevoir ce qu’ils croyaient commun à tous les hommes.

« Cette précieuse harmonie écartait jusqu’à ces liaisons de galanterie qui troublent si souvent la paix des familles. On ne vit jamais dans cette société de commerce illicite entre les deux sexes. C’est que personne n’y languissait dans le célibat. Dès qu’un jeune homme avait atteint l’âge convenable au mariage, on lui bâtissait une maison, on défrichait, on ensemençait des terres autour de sa demeure ; on y mettait les vivres dont il avait