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HISTOIRE

d’eux, nos parens furent bannis comme vous, ils nous ont appris à soulager le malheur : venez, nous éprouvons du plaisir à vous offrir dans nos cabanes un asile et des consolations. » (Barbé-Marbois).

Dans la suite les Acadiens ont fondé un canton dans la Louisiane, auquel ils ont donné le nom toujours cher de leur ancienne patrie. Louis XV lui-même, touché de leur fidélité, fit proposer en vain par ses ministres à ceux de l’Angleterre d’envoyer des vaisseaux dans les provinces anglaises pour les ramener en France. M. Grenville s’empressa de répondre : « Notre acte de navigation s’y oppose, la France ne peut envoyer de vaisseaux dans nos colonies,» comme si cette loi avait été passée pour étouffer tout sentiment d’humanité. Néanmoins quelques-uns purent parvenir en France, et y forment aujourd’hui deux communes florissantes, où ils ont conservé leurs mœurs paisibles et agrestes dans les beaux oasis verts où ils se sont établis, et qui parsèment les landes de Bordeaux. Telle fut l’expatriation des Acadiens.

L’Angleterre ne retira aucun avantage de cet acte de politique jalouse et ombrageuse, acte qui fit connaître aussi à tous les colons ce qu’était la pitié métropolitaine, et qui fournit un nouveau motif aux Canadiens, s’ils en