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HISTOIRE

Quant aux troupes, la simple exposition de ce qu’elles ont fait suffit pour faire leur éloge. Jamais la France n’a eu de soldats plus intrépides, plus dévoués et plus patiens. Dix faibles bataillons, obligés le plus souvent de se recruter dans le pays même faute de secours d’Europe, eurent à lutter constamment contre dix fois ce nombre de troupes régulières que les ennemis amenèrent au combat, et à défendre un pays qui s’étendait depuis l’Acadie jusqu’au lac Érié. Bien peu de ces braves gens revirent leur patrie, où leur dernier général rendit pleine justice à leur mérite. « Ils ont fait des prodiges de valeur, écrivit-il au ministre, ils ont donné, comme les habitans eux-mêmes, des preuves réitérées ; surtout le 28 avril, que la conservation du Canada ne pouvait dépendre ni de leur zèle, ni de leur courage ; et c’est une suite des malheurs et de la fatalité auxquels depuis quelque temps ce pays était en butte, que les secours envoyés de France ne soient pas arrivés dans le moment fatidique. Quelques médiocres qu’ils fussent joints au dernier succès, ils auraient déterminé la reprise de Québec. » C’est dans cette dépêche qu’il observait que le gouverneur avait mis en usage, jusqu’au dernier moment, toutes les ressources dont la prudence et l’expérience humaine pouvaient être capables.