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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome III, 1848.djvu/279

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DU CANADA

était pourtant bien fondée. Un cri universel s’était élevé contre lui parmi ceux qui s’intéressaient aux possessions d’outre-mer ; tous les Canadiens, disait-on, sont prêts à déposer des malversations qui s’étaient commises. Lorsque Bigot se présenta à Versailles, M. Berryer l’accueillit par des paroles de disgrâces et de reproches. « C’est vous, lui dit-il, qui avez perdu la colonie. Vous y avez fait des dépenses énormes ; vous vous êtes permis le commerce ; votre fortune est immense… votre administration a été infidèle, elle est coupable. » L’intendant essaya vainement de se justifier. Disgracié, il se retira à Bordeaux, où, ayant appris quelques mois après qu’il était question de l’arrêter, il revint à Paris pour tâcher de conjurer l’orage ; mais toutes les issues du pouvoir lui furent fermées, et quatre jours après, le 17 novembre 1761, il fut jeté à la Bastille où il resta onze mois entiers sans communiquer avec personne. En même temps, 20 autres prévenus, à titre de complices, subirent le même sort, et plus de 30 furent décrétés de prise de corps comme contumaces. Le conseil d’état ordonna au Châtelet d’instruire leur procès criminellement, à eux et à leurs adhérens.

Le gouverneur lui-même, M. de Vaudreuil, n’échappa pas à la disgrâce de la Bastille, dis-