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HISTOIRE

se comptant déjà maître du poste français. Washington, qui servait alors avec le grade de colonel dans son état-major, aimait à raconter qu’il n’avait jamais vu de plus beau spectacle que la marche des troupes anglaises dans cette mémorable journée. Tous les soldats, d’une belle tenue, marchaient en colonnes ; leurs armes d’acier poli étincelaient aux rayons du soleil. La rivière coulait paisiblement à leur droite, et à leur gauche d’immenses forêts les ombrageaient de leur solennelle grandeur. Officiers et soldats, personne ne doutait du succès[1] ; on marchait comme à un triomphe.

À midi cette troupe si fière repassait par un second gué, à dix milles du fort Duquesne, sur la rive septentrionale de la Monongahéla, dans une plaine unie, élevée de quelques pieds seulement au-dessus de l’eau et d’un demi mille de largeur. À l’extrémité de cette plaine le terrain montait légèrement quelque temps, puis se terminait tout-à-coup par des montagnes très hautes. La route du gué au fort français traversait la plaine et cette hauteur, et se prolongeait ensuite au milieu d’un pays inégal et couvert de bois. Le colonel Gage formait l’avant-garde avec 300 hommes de troupes de ligne ; un autre détachement de

  1. Vie, correspondance et écrits de Washington, etc.