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DU CANADA

révolution et de l’empire, commandait en chef le génie à l’armée d’Espagne, où il montra un talent consommé à la défense de Badajoz qu’il dirigea en personne. Il gagna à la bataille d’Austerlitz le cordon de grand officier de la Légion d’honneur, et Napoléon, qui l’avait déjà nommé baron, lui confia le commandement du génie dans la campagne de France de 1814. D’autres officiers qui formaient comme une petite colonie canadienne dans la Touraine, y vécurent d’une pension que leur fit le gouvernement.

Ceux qui restèrent en Canada durent espérer, suivant la promesse de leur nouvelle métropole, d’avoir enfin un gouvernement régulier. Quoique l’on eût fini, sous le régime militaire, par adopter la jurisprudence française et par juger suivant les lois et dans la langue du pays, ce système ne pouvait présenter aucune garantie durable. Aussi, en 1764, un nouveau changement radical eut lieu ; mais, loin d’alléger le fardeau qui pesait sur ce malheureux pays, il devait le rendre encore plus intolérable. Chaque jour les Canadiens sentaient davantage toute la grandeur des malheurs de la sujétion étrangère, et que les sacrifices qu’ils avaient faits n’étaient rien, en comparaison des souffrances et des humiliations morales qui se préparaient pour eux et