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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome III, 1848.djvu/310

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DU CANADA

conséquent les lois françaises y étaient encore en vigueur.[1]

La situation de cet administrateur était des plus difficiles. En face du peuple agreste et militaire qu’il était appelé à gouverner, et qui avait dans le caractère plus de franchise que de souplesse, il était obligé d’agir avec un entourage de fonctionnaires qui le faisaient rougir chaque jour par leur conduite. Une nuée d’aventuriers, d’intrigans, de valets d’armée s’était abattue sur le Canada à la suite des troupes anglaises et de la capitulation de Montréal (Dépêches de Murray). Des marchands d’une réputation suspecte, des cabaretiers composaient la classe la plus nombreuse. Les hommes probes et honorables formaient le petit nombre. C’est avec ces instrumens qu’il était chargé de dénationaliser le pays, et d’établir de nouvelles lois et de nouvelles institutions à la place des anciennes qui avaient été renversées, enfin de répéter en Canada ce qu’on avait fait en Irlande, éloigner les natifs du gouvernement pour les remplacer par des étrangers. Il s’était déjà aperçu que ce pro-

  1. A plan for settling the laws and the administration of Justice in the province of Quebec,” précédé de “A view of the civil government and administration of Justice in the province of Canada while it was subject to the crown of France,” par Mazères, Manuscrit.