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DU CANADA

Cependant, tout faibles qu’ils étaient numériquement, les Canadiens restèrent calmes et fermes devant l’oppression qui s’appesantissait sur eux. On leur avait donné les lois criminelles anglaises, ce palladium de la liberté ; mais on les administrait dans une langue qu’ils ne connaissaient pas, et on persistait à leur refuser le droit d’être jurés aussi bien que celui de remplir des charges publiques, sauf quelques rares exceptions. Le peuple en masse continuait de faire une opposition négative, tandis qu’une partie des citoyens les plus notables avait déjà envoyé, avant le départ du général Murray, des représentations à Londres.[1] Au milieu des arrêts de proscription lancés contre les institutions qu’ils tenaient de leurs aveux et qui leur étaient d’autant plus chères qu’ils avaient versé du sang pour les défendre dans la guerre de la conquête, on recommanda aux habitans la modération et la patience. On espérait que dans une cause aussi sainte, ils ne resteraient

  1. Le détail de ces luttes, de ces remontrances, de ces pétitions et contre-pétitions peut paraître trop minutieux au commun des lecteurs ; mais on doit se rappeler que nos pères combattaient pour nous comme pour eux-mêmes, et que leurs efforts, pour améliorer notre destinée, ne doivent point sortir de notre mémoire.