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HISTOIRE

toujours en augmentant jusqu’à la fin de la guerre[1]. Craignant qu’un plus grand nombre d’hommes ne retardât sa marche, il ne voulut pas écouter ces sages conseils, dont l’oubli fut la première cause de sa ruine.

Afin d’éviter le corps du colonel Johnson et de dérober sa marche aux ennemis, il remonta par le lac Champlain, et alla débarquer dans la baie du Grand-Marais (South Bay) à six ou huit lieues du fort Edouard. Le 7 septembre il alla coucher sur les bords de l’Hudson, à une lieue des Anglais, avec l’intention de les attaquer le lendemain au point du jour. Mais, à la sollicitation des Iroquois du Sault St.-Louis, dit-on, les Indiens déjà fort mécontens de la division de l’armée, et auxquels le général français avait été obligé de faire dire que les troupes qui avaient été laissées en arrière allaient joindre, pour les engager à le suivre en partant de Carillon, refusèrent alors de marcher, soit parce qu’ils redoutaient l’artillerie du camp et du fort, soit, ce qui est aussi probable, parce qu’ils ne voulaient pas attaquer les Anglais sur leur territoire, le fort Edouard étant en effet bâti sur les terres dont les eaux se versent dans la mer par l’Hudson. Ils ajoutèrent néanmoins qu’ils étaient prêts à le

  1. Lettre de M. de Lotbinière au ministre, du 28 octobre 1755.