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DU CANADA

indifférens à tout ce qui se passait, restaient tranquilles ; ceux du haut, plus rapprochés du théâtre des événemens, chancelaient et paraissaient pencher du côté de la révolution ; mais pour les motifs que nous avons exposés plus haut, ils désiraient garder également la neutralité. Quant au parti anglais que l’on mettait dans la balance avec les Canadiens lorsqu’il s’agissait des faveurs de la métropole, il ne comptait point dans la lutte actuelle, à cause de l’insignifiance de son nombre ; d’ailleurs, la plupart tenaient ouvertement ou secrètement pour le congrès,[1] et l’on n’ignorait pas leurs conciliabules à Québec et à Montréal. Tel était l’état des esprits lorsque le gouverneur proclama, le 9 juin, la loi martiale et appela la milice sous les armes pour repousser l’invasion étrangère et maintenir la paix intérieure. Cette mesure inattendue et sans exemple encore en Canada, eut le plus mauvais effet ; et M. de la Corne ayant menacé quelques paroisses de coercition, elles se mirent en défense au passage de Lachenaye. En préjugeant les opinions, en proférant des menaces, on alarma les indifférens, et l’on forçait ceux qui pouvaient s’être compromis, à

  1. Manuscrit de Sanguinet, avocat de Montréal. — Journals of the provincial congress, provincial convention, committee of safety, &c., of the state of New-York, vol.ii