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DU CANADA.

naître, et profiter du désordre pour entrer pêle-mêle avec eux dans les retranchemens de Johnson. Mais il fallait des troupes plus disciplinées que les siennes pour exécuter une pareille manœuvre. Les sauvages et une partie des Canadiens s’arrêtèrent pour recueillir leurs blessés, et se reposer après ce premier combat ; ils étaient d’ailleurs exténués de fatigue, ayant marché tout le long de la route, depuis le matin, à travers les bois et les broussailles dans un pays âpre et difficile, pour couvrir la colonne du centre qui marchait dans le chemin battu. Les chefs indiens, murmurant tout haut contre l’imprévoyance du général, crièrent à ceux de leurs guerriers qui le suivaient, de revenir sur leurs pas. La plupart exécutèrent cet ordre et ne combattirent plus de la journée, de même qu’une partie des Canadiens[1]. Dieskau, espérant par son exemple de les engager à le suivre, ne s’arrêta point, et il arriva devant les retranchemens ennemis à 11 heures du matin avec à peine la moitié de ses forces.

Ces retranchemens, adossés au lac et érigés sur la petite éminence sur laquelle fut ensuite bâti le fort George, dont on voit encore les ruines

  1. Lettre du chevalier Montreuil au ministre, 10 octobre 1755 : « La moitié des sauvages et des Canadiens s’en tinrent à leur première victoire.»