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HISTOIRE

cette année. Tout l’honneur en appartint aux armes françaises. Avec moins de 6,000 hommes on avait paralysé les mouvemens de près de 12,000, rassemblés par l’ennemi entre l’Hudson et le lac Ontario ; et l’on s’était emparé de sa plus forte place de guerre. Pour récompenser le zèle et le courage des troupes, Louis XV promut à un grade supérieur ou décora de la croix de St.-Louis plusieurs officiers de l’armée canadienne.

Il faut dire néanmoins que, si l’on avait lieu d’être satisfait des services de cette armée, la situation intérieure du pays ne permettait guère de se réjouir de ses succès, qui retenaient, il est vrai, la guerre au-delà des frontières, mais qui étaient inutiles pour soulager les maux du peuple. Toute l’attention du gouvernement se portait alors sur la disette qui régnait, et qui était encore plus redoutable que le fer de l’ennemi. Le tableau de la misère et des souffrances qui s’offraient partout dans l’automne, frappait de pressentimens sinistres les hommes les plus résolus. La petite vérole venait de faire des ravages terribles, qui s’étaient étendus aux tribus indiennes. Les Abénaquis, cette nation si brave et si fidèle à la France et au catholicisme, furent presqu’entièrement détruits par le fléau. Il n’en resta que quelques débris, qui s’attachèrent à la cause des Anglais, leurs