Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/133

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bruit du canon et redouble encore l’ardeur de l’équipage.

— Hardi, courage, mes enfants, s’écrie-t-il, la victoire est à nous ! Canonniers, deux boulets ronds à chaque coup, mais rien que deux boulets !…

Cette voix, je le répète, soutient les forces de nos hommes ; notre feu, loin de se ralentir, augmente plutôt, si cela est possible, de vivacité : celui de l’anglais, surtout dans sa batterie basse, faiblit. Après tout, il faut être juste ! nos volées en poupe lui ont fait tant de mal ! notre pointage actuel, concentré en un seul point, est si terrible !

Par la dérive du 64, qui nous masquait le vent, les deux navires se trouvaient alors très rapprochés. Le Jupiter, parvenu à réparer quelques-unes de ses avaries majeures, commençait à mieux gouverner, tandis que la Preneuse, placée sous le vent à lui, et désemparée de ses voiles, ne pouvait, malgré le désir et la volonté de l’Hermite, tenter d’en finir à l’arme blanche.

Toutefois, nos marins se consolent de ce malheur en se répétant qu’ils creusent le tombeau de leurs ennemis.

Le capitaine, impatient, malgré son sang-froid, cherche sans cesse à distinguer, à travers les bouillonnements des lames et les tourbillons de fumée, ce qu’il nomme notre brèche de sauvetage.

Le mot, répété par cent bouches, fait fureur et obtient un succès prodigieux dans la batterie : il fait redoubler les pointeurs de soins et d’adresse, et maintient leur justesse de tir.

— Commandant, s’écrie M. Fabre empoignant un cordage et sautant du bastingage sur le banc de quart, nous tenons l’anglais. Sa flottaison est entamée. Regardez, je vous en prie, au pied de son grand mât, en arrière de son échelle !

— C’est vrai, monsieur, vous avez raison, répond