Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/149

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à bord avec la rapidité de l’éclair, produisirent une vive impression sur l’équipage. Un silence plus profond encore, certes, que celui qui eût précédé un combat, régna sur le pont ; tous les yeux, fixés avec anxiété sur la porte de la dunette, attendaient la sortie du capitaine. Enfin l’Hermite se montra. Il tenait à la main un large pli ministériel déchiré à l’entour du cachet. On eût entendu en ce moment à bord de la frégate le bruit produit par la chute d’une feuille desséchée ; les cœurs ne battaient plus.

Cependant, heureux présage, ses yeux ne se détournent plus des regards inquiets qui l’interrogent ; son front resplendit, si je puis m’exprimer ainsi, d’une expression de suprême bonté ; on commence à espérer ! mais si l’on allait se tromper ! ce coup serait trop cruel ! il faut attendre ; les secondes semblent longues comme des heures ! Enfin l’Hermite se dirige vers l’officier de quart, M. Raoul : il ouvre la bouche, il va parler ; les respirations sont suspendues.

— Monsieur, lui dit-il, veuillez envoyer un aspirant sur les barres du grand perroquet, pour examiner attentivement s’il n’aperçoit aucun navire en vue.

M. Raoul s’empressa de faire exécuter cet ordre, et l’Hermite se mit à se promener sur la dunette ; seulement au sourire joyeux qui entrouvre ses lèvres, à l’air de contentement intérieur qu’il semble éprouver, l’espoir commence à gagner l’équipage. L’aspirant revient bientôt en annonçant qu’aucun navire n’est visible à l’horizon.

— Alors, monsieur, dit l’Hermite en s’adressant à l’officier de quart, nous pouvons nous diriger vers l’île de France ; notre croisière est finie !

Une fois cette annonce officielle, des transports de joie éclatent de toutes parts ; les mourants se croient convalescents ;