Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/184

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vais déjà été à deux reprises lui présenter mes respects, et chaque fois il m’avait reçu avec une bienveillance toute particulière, cela était au reste fort naturel, car en dehors de notre connaissance commencée à Rochefort, à la table de mon cousin Beaulieu-Leloup, j’étais le seul homme de l’équipage qui eût assisté, en ne voulant pas abandonner la frégate, à la mort de l’infortuné Graffin ; l’Hermite, j’en suis persuadé, me tenait compte de ce souvenir !

— Mon cher Louis, me dit un matin mon excellent ami, M. Montalant, je pars dans la journée pour mon habitation de la Poudre-d’Or, qui est située, comme vous le savez, à cinq ou six lieues de la ville ; je compte que vous voudrez bien m’y accompagner. J’espère pouvoir y rester une semaine. Acceptez-vous ?

— Avec le plus grand plaisir.

— Ma foi, reprit M. Montalant après une légère pause, je voulais vous ménager une surprise, mais à quoi bon ! pourquoi vous priver encore, pendant cinq à six heures, d’un bonheur que vous pourriez goûter dès à présent ? Sachez donc, mon cher Louis, que le capitaine l’Hermite a bien voulu accepter l’invitation que je lui ai faite, afin de l’aider à rétablir sa santé délabrée, de venir passer quelques jours dans mon habitation de la Poudre-d’Or. Vous pourrez le voir et causer avec lui tout à votre aise.

Je remerciai le bon M. Montalant avec effusion ; puis, deux heures plus tard, enfourchant un petit cheval du Cap qu’il avait fait seller pour moi, je me dirigeai vers son habitation ; quant à lui, il était déjà parti depuis une heure, en voiture, avec le capitaine l’Hermite.

Si, depuis que j’avais quitté mon père, il y avait plus de deux ans, au bout de l’allée des Veuves, à Paris, j’étais