Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/195

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dans cannes avec mulâtresse Eloa, li sorti furié et voulé batté moi, et moi été sauvé… et li tailleur été sauvé aussi… Et puis c’est tout, moussé.

— Est-ce que la mulâtresse Éloa n’est pas ta bonne amie, Scipion ?

— Oui, moussé, aussi à moi.

L’air de vérité profonde et l’assurance dénuée de toute hésitation avec lesquels Scipion avait répondu à cet interrogatoire dissipèrent, je dois l’avouer, complètement mes soupçons. M. Montalant paraissait également tout à fait rassuré.

— C’est bien, Scipion, dit-il enfin au nègre après avoir réfléchi pendant quelques secondes, tu peux t’en aller. Toutefois, si ce tailleur revient, tu me l’amèneras… Crois-tu qu’il revienne ?

— Oui, moussé, li vini encore avec pantalon pour vendre à. Moussé l’Hermite li voulé vingt gourdes et li certain vini encore pour ça sir…

— Eh bien ! messieurs, nous demanda notre hôte après le départ du nègre, que pensez-vous de mon esclave ? Quant à moi, je vous déclare que je ne vois rien dans sa conduite qui soit de nature à éveiller nos soupçons… Il n’y a eu dans tout cela, comme je l’espérais, qu’un malentendu, qu’un quiproquo !

— Nom de noms, ce moricaud m’a l’air, au contraire, malin comme tout à moi ! s’écria Kernau. Que diable, j’ai des oreilles ! Et puis en supposant que je me sois trompé à son baragouin, j’ai encore des yeux ! Or donc, pourquoi qu’ils se sont sauvés à mon approche, ces gueux-là ? Pourquoi qu’il a tiré un pistolet de dessous sa veste, l’English ? Tonnerre, tout ça, c’est pas clair du tout !… Non, c’est pas clair du tout !

— Dame, il n’y a rien d’étonnant, mon ami, que Scipion