Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/219

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— Et pourquoi leur retour présenterait-il plus de difficulté que leur aller ?

— Parce que, capitaine, s’ils reviennent à bord sans s’être entendus avec la reine, les indigènes songeront peut-être à se fâcher de ce que des étrangers aient résisté aux prétentions de leur belle souveraine ; mais ajouta le Portugais après une légère pause, voulez-vous me promettre, capitaine, que vous allez me laisser me griser tout à mon aise, et je vous donne un bon conseil ?

— Parle, j’y consens.

— Eh bien ! capitaine, attendez que le sous-roi soit revenu à la raison ; car je vois à ses gestes embarrassés et à ses yeux brillants qu’il commence à être heureux, et demandez-lui alors qu’il vous donne une escorte d’honneur, dont je ferai partie, pour vous accompagner auprès de notre souveraine. De cette façon, vous êtes assuré d’une réception digne de vous ! Puis-je boire, à présent ?

— Oh ! tant que vous voudrez, seigneur Carvalho.

Une demi-heure après cette conversation le vice-roi et l’interprète étaient ivres morts sous la table.

Le lendemain matin, nous avions toutes les peines du monde à les réveiller l’un et l’autre ; cependant, grâce à quelques vigoureux coups de pied, nous en vînmes à bout.

Le vice-roi nous répéta le conseil que nous avait déjà donné le Portugais, d’aller trouver la reine ; seulement il se servit à ce sujet d’une expression qui nous surprit tous extrêmement et dont nous ne pûmes jamais avoir l’explication : il nous dit, en prononçant ces mots avec un véritable accent parisien, que la reine serait heureuse de nous recevoir dans son Louvre. Cela nous donna à penser que quelques Français avaient déjà dû pénétrer dans le royaume de Bombetoc avant nous ! Le vice-roi nous recommanda