Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/222

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une invitation pressante à venir prendre mon repas dans son palais. J’acceptai avec plaisir.

Le Louvre de mon nouvel ami était une simple cabane, et même une cabane fort délabrée. Quant à mon dîner, il se composa d’une espèce de ragoût de poule fort pimenté, et d’une boisson d’une force extrême et d’un goût très désagréable, qui ressemblait un peu à du mauvais hydromel.

Seulement une surprise agréable, à laquelle je ne m’attendais pas, fut l’apparition de la sous-reine, charmante amboulame d’une véritable beauté de traits et dont les grands yeux pleins de flamme et de passion s’harmonisaient fort bien avec sa carnation blanchâtre.

Je dois avouer, espérant que ces lignes ne parviendront jamais à son époux, s’il vit par hasard encore, que la délicieuse amboulame se conduisit avec une légèreté tant soit peu provocatrice à mon égard, me prenant les mains à la dérobée et me prodiguant, sous les yeux de son trop confiant époux, des marques non équivoques de sympathie.

Aussi ne fut-ce pas sans une certaine hésitation et sans un vif dépit que je me vis forcé d’accepter une longue pirogue armée de rameurs vigoureux et chargée de provisions, que m’offrit le généreux vice-roi, pour continuer mon voyage.

Je ne me vantai pas de ce fait auprès du capitaine Cousinerie à mon retour à bord, mais il est certain que je laissai entre les mains de la belle vice-reine une parcelle des