Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/258

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on procède, en public, à une cérémonie qui vous donne légalement ce titre ; et cela à tel point qu’à sa mort vous héritez de lui, même au préjudice de sa femme…

— Et quelle est, je vous prie, cette cérémonie ?

— C’est fort simple ; les deux hommes qui veulent s’unir par les liens de la fraternité se piquent tous les deux le bras, puis recueillent le sang qui en découle, ils le mêlent dans deux vases dont ils boivent ensuite le contenu en se tenant par la main. La foule alors pousse des cris de joie, chante une chanson en leur honneur, et tout est dit : l’on est devenu frère !


Je ne m’appesantirai pas sur les difficultés que nous rencontrâmes et sur les ennuis que nous eûmes à subir pendant notre première journée de marche, car j’ai déjà donné au lecteur une idée des souffrances qu’endure le voyageur qui traverse le royaume de Bombetoc ; seulement, à ces ennuis était venu se joindre, depuis la triste issue de mon ambassade, le mauvais vouloir de l’interprète portugais et l’impertinence des Malgaches chargés de porter nos caisses.

À plusieurs reprises déjà j’avais surpris le Portugais Carvalho échangeant des signes d’intelligence avec notre escorte ; mes matelots, François Poiré et Bernard, avaient de leur côté fait la même observation.

— Savez-vous, lieutenant, me dit Bernard en profitant d’un moment où nous nous trouvions seuls tous les trois, qu’il y a du louche dans la conduite du Portugais. Je parierais dix livres de tabac contre une chique que le gredin rumine en ce moment une trahison…

— C’est également là mon opinion.

— Et la mienne aussi, capitaine, ajouta à son tour