Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/268

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part, la mauvaise réception qu’elle m’avait faite, enfin l’arrivée à Bombetoc avant nous d’une ambassade anglaise.

— Satanés Anglais ! s’écria Cousinerie, ils savent se fourrer partout, et trouvent toujours le moyen d’arriver les premiers… Enfin, n’importe ! nous avons accompli notre mission en proposant à la royale culotteuse de pipes un traité de commerce ; nous rapportons en outre des détails précis et certains ; notre honneur est sauf, et le commerce de l’île de France, ainsi que le général Malartic, n’auront rien à nous reprocher. Quant à la permission de la moricaude, au sujet de l’embarquement de notre cargaison, je m’en moque. Le vice-roi de Mazangaïe, gris comme un templier depuis quatre jours, ne voit plus et ne parle plus que par moi. Il m’adore et a voulu me percer le bras… histoire de devenir mon frère ! La cargaison est à présent à bord et nous mettons ce soir à la voile. À présent, si la reine de Bombetoc s’en prend à son vice-roi, ça m’est parfaitement indifférent. Si ce gredin ne se trouvait pas dans les vignes du Seigneur et qu’il tînt sa barre droite, ce serait le plus mauvais chenapan du monde. En attendant, il a réuni tous ses vassaux et nous donne une fête monstre. Aussi jusqu’à ce soir toutes voiles au vent et branle-bas général de plaisir !

Le capitaine disait vrai ; j’arrivais juste à temps pour assister à la magnifique fête d’adieu que nous donnait le royal buveur d’arack. Un quart d’heure plus tard, je parvenais avec l’équipage au sommet d’une colline qui dominait une vaste plaine située derrière le village de Mazangaïe, et nous prenions place sous des tentes immenses fermées à la hâte avec des pagnes de toutes les couleurs. Notre regard s’étendait d’un côté sur la lagune qui dormait à nos pieds et sur la plaine ; de l’autre sur la rade et l’océan sans fin !