Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/290

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de nous éloigner de ce navire avant qu’il saute, dit le second, Duverger.

— Sans sauver ces malheureux qui brûlent tout vivants sous nos pieds ! s’écrie Maleroux ; cela est impossible !…

Au moment même où notre capitaine prend si généreusement la défense et le parti de nos ennemis, de nouveaux coups de fusil nous sont adressés par eux à travers les écoutilles : il faut que ces gens soient en proie au délire.

À présent voudrait-on les sauver qu’il serait trop tard ! L’incendie augmente d’intensité avec une rapidité effrayante ; nous nous élançons, épouvantés pour la première fois depuis le commencement de ce combat, à bord de l’Amphitrite !

Nous sommes à peine rendus sur notre navire, quand une explosion terrible, sans nom, dont on ne peut se faire une idée, éclate, semblable à un volcan, le long de l’Amphitrite, et nous enveloppe d’un nuage de feu, de cendres et de fumée. Bientôt, des débris humains, sanglants et noircis, retombent sur notre pont et autour de nous : ce sont les restes du Trinquemaley et de son équipage !

Après cette effroyable catastrophe, qui nous enleva nos deux mâts de hune de l’arrière, nous éprouvâmes une telle stupeur, suite inévitable de la terrible commotion que nous avions ressentie, que nous restâmes un moment sans pouvoir nous rendre compte de notre position. Nous ne comprîmes pas comment nous nous retrouvions encore vivants sur notre navire en ruine.

Cependant, jamais nous n’avions eu besoin de plus d’énergie que dans ce moment solennel. L’Amphitrite flottait