Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/313

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vous apprenne ce que vous valez et qui vous aime. Allons, embrassez-vous, et qu’il ne soit plus question de rien !

Il y avait une si paternelle autorité dans la parole du vénérable et vénéré gouverneur, que les deux capitaines en furent touchés ; ils s’embrassèrent alors en se jurant une éternelle amitié.

— À présent que tout est terminé, leur dit le général, voulez-vous me permettre d’examiner le motif pour lequel vous vouliez vous battre ? C’était simplement pour avoir chacun de soixante à quatre-vingts matelots, afin de compléter vos équipages, n’est-ce pas ? Eh bien ! si au lieu de jouter de ruses et de finesses, vous ne vous étiez pas laissé aveugler par votre rivalité, vous auriez pensé à une chose fort simple : c’est qu’il y a justement cent soixante frères la Côte disponibles en ce moment, tout aussi bons marins les uns et les autres, et qu’en les tirant tout simplement au sort, vous aviez juste chacun votre affaire !

À cette remarque parfaitement juste du gouverneur, Surcouf et Dutertre ne purent s’empêcher de rire en songeant à combien de dépenses, de colère et d’ennuis les avait entraînés la vivacité irréfléchie de leur rivalité.

XII


Deux jours avant l’appareillage de la Confiance, eut lieu ce que l’on appelle la revue de départ, c’est-à-dire que les matelots se rendirent au bureau des classes pour