Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/364

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La lutte semble terminée. Surcouf fait fermer les panneaux sur nos ennemis, lorsque le second du Kent, apprenant la mort de Rivington, abandonne la batterie, où il se trouve, et s’élance sur le pont pour prendre le commandement du navire et continuer le combat.

Heureusement sa tentative insensée et inopportune ne peut réussir ; il trouve le pont en notre pouvoir, et il est obligé de battre tout de suite en retraite ; mais il n’en est pas moins vrai que cette sortie a coûté de nouvelles victimes !

Cette fois, le doute ne nous est plus possible, nous sommes vainqueurs ! Pas encore. Le second du Kent, exaspéré de l’échec qu’il vient de subir, et ayant sous la main toutes les munitions en abondance, fait pointer dans la batterie, en contrebas, des canons de 18, pour défoncer le tillac du gaillard et nous ensevelir sous ses décombres.

Surcouf, est-ce grâce au hasard ? est-ce grâce à son génie ? devine cette intention. Aussitôt, se mettant à la tête de ses hommes d’élite, il se précipite dans la batterie : je le suis.

Le carnage qui a lieu sous le pont du vaisseau ne dure pas longtemps, mais il est horrible : cependant, dès que notre capitaine est bien assuré que cette fois la victoire ne peut plus lui échapper, il laisse pendre sa hache inerte à son poignet, et ne songe plus qu’à sauver des victimes. Il aperçoit entre autres Anglais poursuivis, un jeune midshipman qui se défend avec plus de courage que de bonheur, car son sang coule déjà par plusieurs blessures, contre un de nos corsaires.

Surcouf se précipite vers le jeune homme pour le couvrir de sa protection ; mais le malheureux, ne comprenant pas la généreuse intention du Breton,