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Page:Garnier - Les tragedies de Robert Garnier - 1605.djvu/35

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PORCIE.

Mais ce n’est pas aſſez, il faut que de rechef
Cefte mefme fureur i’eflance fur leur chef :
Ie veux voir oppoſer les Aigles oppofees,
Entre les legions contrairement croifees :
le veux voir foudroyer ceſte race de Mars,
Et pour s’entre-égorger brandir de mefmes dars,
S’armer de mefme fer de mefme courage
De fcadrons en fcadrons s’animer au carnage,
S’entre-ouurir l’eftomach d’vn poignard outragen
Et fur laronge plaine esteindre courageux,
Son voisin ennemy, que la Difcorde pafle
Long temps deuant ſes iours dedans l’arque denale
Vous les Dires d’Enfer, vous mes deux autres Sœurs
Qui portez comme moy les flambeaux puniſſeurs,
Tifiphone, Alecton, que la nuit tenebreuſe
Engendra d’Acheron fur fa riue bourbeuſe,
Delaiffez, maintenant, cruelles delaiffez
A punir les chetifs qu’ores vous puniſſez,
Et conuertes le chef de couleuures ſifflantes,
Couuertes de cordeaux, & de torches flambantes,
Dreßez vos pas vers moy, puis toutes d’vn accord,
Plus aigre que deuant rallumens le Difcord,
Larage, la fureur la guerre laturie
Au gyron belliqueur de la grande Hefperie :
Venez, fatales Sœurs, vous lauez les mains
Dans le fang indomté de ces braues Romains
L’engendreur de Pelops au milieu des viandes
Affonuiffe aujourd’huy ſes entrailles gourmandes,
Et ſe plongeant au ſein des refuyantes caux
Infle de leur liqueur ſes pariures boyaux :
Sifyphe AEolien paiſiblement feiourne,
Sans ren onter contraint le rocher qui retourne,
levants qui glouton aßiduement ſe paiſt