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Page:Garnier - Les tragedies de Robert Garnier - 1605.djvu/93

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PORCIE.

i Regarde aux malheurs, Que pourtraits fur nos fronts, Pour toy nous fouffrons, Porcie,enten nos pleurs.. Qu'vn printemps de fleurs Naiffe deffus tes os, Enten nos fanglots,

Porcie,enten nos pleurs. No. Mes filles, c'eft affez, vos complaintes plorees Ont bien fuffisamment leurs Ombres honorees. Las! nele plorez plus, ils font mieux fortunez.. Que nous qui demeurons dans nos corps obftinez. Ils ne reffentent point la fureur des trois hommes, Ils ne cognoiffent rien du feruage où nous sommes: Ils vinent en repos, affranchis des langueurs Qu'ils euffent endaré fous ces Tyrans vaincueurs. Plorez, filles plorez pour vos propres miferes, Qui retiendrez ici vos ames prisonnieres, Plorez veftre malheur, plorez, belas! plorez, Les infinis tourmens que vous endurerez. (Streffe, Quant à moy, qui fuyuray les pas de ma MaiTenay pas de befoin de plorer ma vieilleffe. ce poignard que se tiens, ce poignard que voici, M'enferrant l'eftomach m'oftera ce fouci. Mais que tardé-ie tant? qu'attendé-ie mufarde, Qu'ores ie ne deromps ma poitrine vieillarde? A Quelle frayeur m'affaut? quelle glaceuse peur Piroietant en moy me vient geler le cœur C'eft en vain, c'eft en vain; ma mort eft arrestee Et defia mon esprit voit l'onde Acherontee. Mourons, fus fus mourons, fus poignard haſtetoj, Su,iufques au pommeau vient t'enfoncer en moy FI N.

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