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Page:Garnier - Six semaines dans un phare, 1862.djvu/110

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six semaines dans un phare.

huit pour défoncer le tillac et nous ensevelir sous ses décombres. Notre capitaine s’en doute-t-il ? Le lui a-t-on appris ? je l’ignore. Mais nous nous précipitons à sa suite dans la batterie.

Le carnage ne dure pas longtemps, mais il est horrible. Là notre capitaine, laissant tomber sa hache, ne songe plus qu’à sauver des victimes. Sur son ordre, le combat cesse. Le navire est à nous.

Quand nous pûmes nous reconnaître, nous vîmes à qui nous avions à faire. Le navire se nommait le Kent. Il portait 1,500 tonneaux, 38 canons et 437 hommes d’équipage et de troupes. Nous avions été obligés d’escalader, sous une grêle de balles, une forteresse trois fois plus haute que notre navire et de combattre chacun quatre Anglais.

Pour ma part, j’étais dans un triste état, mais j’avais sauvé le capitaine. Au moment où un soldat anglais le couchait en joue, j’étais au haut de la grande vergue, je me suis affalé du haut de cette vergue sur la tête du soldat. Le coup a été détourné, mais en tombant je me suis presque cassé la jambe et j’ai été obligé de me battre en boitant.

Depuis, j’ai toujours boité, et cette jambe m’a refusé le service. C’est pourquoi le capitaine, qui connut plus tard la cause de ma blessure, me fit avoir une place de gardien dans un phare.

— Mais quel était ce capitaine ? demanda faiblement Paul.

— Il s’appelait Surcouf, dit simplement Chasse-Marée.