Page:Garnier - Six semaines dans un phare, 1862.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
cartahut.

être entièrement changé et les marins condamnés à rester les bras croisés, le secours des flottes devenant presque inutile.

Il paraît que l’armée devait enlever le fort Constantin et toutes les batteries de la partie nord de Sébastopol et que les flottes, en donnant alors dans le port, et brisant les estacades, achèveraient son œuvre et offriraient un concours assuré à cette armée, dans le port même de Sébastopol. Mais va te faire lanlaire ! Les Russes, en prenant la résolution désespérée de faire sauter leur flotte devant les forts qui bordent la mer, nous enlevaient la possibilité de franchir l’entrée du port qui ressemblait à une rue étroite hérissée de canons sur chacune de ses faces. Ce qui contrariait le plus les projets du maréchal, c’est que tous les canons et tous les marins de cette flotte allaient concourir à la défense de Sébastopol, en doublant le chiffre de la garnison ennemie. Mais le plus furieux, ce fut notre amiral qui voyait sa flotte perdre, au moment de l’assaut général, la plus grande part de gloire, et après la bataille, un port assuré contre les tempêtes d’hiver.

Nous sommes donc obligés de rester inactifs à la Katcha, pendant que l’armée disparaît dans les terres pour tourner la ville, et surprendre l’ennemi par cette manœuvre hardie qui a pour pivot Inkermann. À chaque instant notre amiral reçoit des nouvelles qu’il se hâte de nous communiquer pour calmer nos inquiétudes. Le mouvement s’effectue avec succès. Pas ou peu de résistance de l’ennemi. Les cosaques seuls inquiètent les flancs de notre armée. Quelques coups de fusil en ont raison.

Le surlendemain, arrive un officier de la marine anglaise qui a réussi à traverser les vedettes cosaques sur le littoral, il annonce que tout va bien et que les Anglais, qui sont à l’extrême gauche des armées, doivent paraître sur les cimes de Balaclava.

Le soir du même jour, arrive un enfant perdu de l’armée française qui, lui aussi, est parvenu à gagner le rivage sans être