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six semaines dans un phare.

profond et comblé par les sables. À peine étais-je là, m’épongeant le front avec mon mouchoir, et m’occupant à remettre mon chapeau, mon pantalon et ma veste à leurs positions habituelles, que je vis se tracer sur le mur un long bras armé d’une grande lance qui cherchait à m’atteindre. Un mouvement naturel me fit tendre le bras qui tenait ma veste dont je n’avais encore passé qu’une manche, et je la sentis se déchirer sous deux coups de poignard. Je cherchais mon pistolet, mais je l’avais perdu dans ma course ; mon poignard, je ne l’avais pas non plus. Il me restait mes deux mains pour me venger et mes deux jambes pour courir après mon assassin, que je voyais s’enfuir. Je m’élançai à la poursuite, il était très-agile et connaissait bien les sinuosités d’un terrain contre lequel je me butais à chaque pas. Pour se soustraire à mes regards, il se glissa à travers l’ouverture d’un mur d’où se détachèrent quelques grosses pierres que je lançai sur mon fuyard.

Enfin nous arrivâmes sur le bord de ce canal dont je vous ai parlé. La fuite n’était plus possible pour l’assassin, et pourtant je le vis hésiter et m’attendre. Quand je me jetai sur lui, il évita mon étreinte et, se rejetant en arrière, me cria :

— Voleur et assassin, oserez-vous m’approcher ?

C’était mon bijoutier pâle et terrible. J’en restai stupéfait et comme honteux ; mais, poussé par la colère et le sentiment que j’avais d’être dans mon droit, je résolus d’atteindre le drôle et de lui infliger une de ces corrections que j’infligeais à ceux qui ne me plaisaient pas.

Je fis un pas en avant et me reculai aussitôt. J’étais sur un rebord sablonneux qui s’émiettait sous mes pas. Un tronc d’arbre sans écorce était placé au travers de l’abîme et je voyais mon ennemi le traverser pieds nus avec la plus grande précaution. Au milieu de ce dangereux passage il s’arrêta pour me défier de le suivre au-dessus d’un gouffre dans lequel le moindre