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six semaines dans un phare.

pour arrondir la fortune de son neveu. L’enfant placé au collége de Royan y commença ses études. Quand sa mère mourut, il fallut bien que le capitaine fît ses adieux à l’Océan et il s’installa dans la maison qu’il avait fait bâtir à la pointe de Valière. Dès qu’il eut quinze ans, Paul entra au lycée Henri IV, à Paris, où il se prépare aux examens de l’école navale au moment où commence ce récit.

Nous voilà revenus à cette maisonnette de Saint-Georges où nous n’avions fait que passer, et où nous retrouvons les deux vieux marins en grande conversation, le capitaine se promenant de long en large, Clinfoc arrosant ses fleurs.

— Vous n’avez pas besoin d’aller de l’avant à l’arrière, comme si vous étiez de quart, dit le matelot, on peut se causer face à face en se regardant dans les écubiers.

— Si je veux me promener, moi, je ne suis donc pas libre, riposte le capitaine en s’arrêtant.

— Le vent est à la bourrasque ce matin.

— Eh ! non, vieux bête, le temps est au beau fixe. Ne sais-tu pas le nom du mois dans lequel nous entrons ?

— Oui, je le sais.

— Parions que non.

— Parions que si, capitaine. C’est le mois des vacances.

— Les vacances ? et ça ne te dit rien ?

— Oh ! ma foi rien, sinon que le petit va venir nous faire enrager pendant deux mois.

Le petit, c’était Paul qui, malgré son âge et sa taille élancée comme un mât de misaine, était toujours resté « le petit » pour Clinfoc.

— Oui, il va venir, reprend le capitaine, mais autre chose me préoccupe.

— Ça ne m’étonne pas, toujours des idées !

— Clinfoc, tu m’impatientes à la fin…