Page:Garnier - Six semaines dans un phare, 1862.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
la tour de cordouan.

 Les corrections sont expliquées en page de discussion

après l’autre comme pour sonner le glas de l’agonie. Ce fut pendant trois jours et trois nuits une lutte entre l’eau et le feu, jusqu’à ce que le vaisseau, éclatant par le milieu, disparût sous les lames.

On alla voir les trous de Meschers. Ce sont des grottes creusées dans la falaise, sur la façade d’un rocher perpendiculaire, à quarante pieds au-dessus de la Gironde. Une rampe étroite taillée dans le roc, circule d’un trou à l’autre sans parapet du côté de l’abîme. Jadis ces trous étaient-ils habités ? En tous cas, il reste à peine un souvenir de ce village aérien ; de là on descendit jusqu’à Talmont, qui n’a de curieux qu’une chapelle romane, bijou d’architecture, qui est bâtie sur la pointe d’une falaise sans cesse minée par la mer.

Pendant ce temps, le Lefaucheux jetait sa poudre aux oiseaux de mer sans permettre au plomb qu’elle accompagnait d’en toucher un seul. Il est vrai de dire que Paul n’était guère plus heureux dans les chasses qu’il faisait aux environs. Clinfoc n’en était pas fâché : il lui tardait tant que Paul se dégoûtât du fusil, pour écouter les leçons de marine qu’il lui donnait en mer, et prendre goût à la visite qu’il avait projetée de lui faire faire à la tour de Cordouan !…

Une autre fois on fit une excursion à la pointe de Grave. On débarqua au Verdon, endroit qui prend chaque jour de l’importance et dont le port reçoit tous les vaisseaux venant de Bordeaux, quand le mauvais temps les arrête, et de là on remonta vers l’anse des Huttes, où commence ce gigantesque travail presque achevé, que les hommes ont entrepris pour empêcher les flots d’envahir la plage, et d’emporter toute cette langue de terre, ne laissant que des écueils, là où il y a un petit port et un phare.

Aujourd’hui la pointe de Grave est cuirassée contre l’Océan par des jetées parallèles au rivage, composées de blocs artificiels et naturels qu’on a précipités dans les flots du haut des wagons de transport. Il était temps qu’on opposât ces brise-lames à la