Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/101

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cheveux-là, de les baiser, d’y caresser sa joue…

— Tu ne sais pas ce que je voudrais ? dit-elle tout à coup à André, en allumant une mince cigarette qu’elle tira d’un étui en écaille.

— Exprime.

— Je voudrais jouer aux cartes, avec vous trois, comme les gens de la table là-bas ; ça me rappellera le bon temps.

André ne s’étonna pas.

— Tu ne veux pas aussi manger des œufs durs et des crevettes ? demanda-t-il, en lui montrant les paniers d’une marchande qui faisait sa tournée.

— Si, dit-elle, …avec des crabes. Elle mangea, but et joua. Et elle fut charmante, ravie de cette dînette sur un bout de journal, dans la fumée des pipes et les relents de boissons éventées.

André paraissait enchanté.

— Si tu étais tous les jours rigolotte comme ça, ma petite Jane, dit-il, je ne te lâcherais jamais.

— Ce serait donc moi, mon petit, qui serais obligée de le faire : nous ne sommes pas mariés devant le maire…

— Oh !… et si même nous l’étions…