Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/108

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sans-rire, qu’il avait « tout un programme » : si le Morichar Turc et XXe siècle réussissait, il lancerait ensuite le Lepage-Magneta-Carbajalès-1830, en déchets de Havane, le prince Albert-Kaboul, tabac algérien ; enfin, le Desbaguettes-Aguila-Réal-Favorita et le Royal-Smoel-Club-Maduro, en vrai tabac russe de Watermael.

Ainsi s’écoulaient, depuis l’entrée de Charles à la Bonne Source, des heures légères qui donnaient à Rose du bonheur, à Charles du réconfort, et qui auraient apporté à la vie de Flagothier de la joie véritable, si… si, brusquement, des circonstances tout à fait ignorées de Rose et encore mal définies par Charles, n’avaient fait perdre à Flagothier sa belle humeur et sa tranquillité.

C’étaient les soirées actuelles de la Boule Plate qui faisaient ce bel ouvrage. Jane Reclary y venait régulièrement avec André, une fois son tour de chant terminé ; elle amenait aussi En-Sol-Messieurs plus « beau bel homme » que jamais, devenu son répétiteur en titre et à qui cette situation, précaire, mais honorable, semblait porter bonheur : il exhiba, ce soir-là, une lettre d’un directeur de music-hall bruxellois le priant d’aller le voir le lendemain et se disant disposé à lui offrir, si l’on s’entendait sur les conditions, la place de chef d’orchestre.