Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/116

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M. Charles Marcquebreuq représentait pour Mme Fampin un certain nombre de dîners fins dans les bons restaurants ; c’était un capital figuré par des tournedos Rossini, des salmis de bécasse et du Saint-Marceaux en carafes.

La faillite de M. Charles Marcquebreuq effaçait d’un seul trait de plume tous les menus à venir : Mme Fampin fut sincèrement désolée. Elle pleura de nouveau, ce qui l’obligea à rentrer encore une fois chez elle.

Son maquillage refait, elle entreprit sa quotidienne tournée dans les cafés d’amis, démangée du besoin de faire part de son malheur. Ce fut navrant et cocasse. Aux Trois Suisses, elle s’arrêta d’abord devant la table du critique à l’asticot, acceptant d’un air triste la consommation tout de suite proposée ; elle prononça, en s’asseyant d’une seule fesse sur la chaise, pour ne pas y moisir :

— Eh bien, qu’est-ce que vous en dites ?

Le critique, légèrement interloqué de la franchise de cette interrogation, répondit :

— Je dis… que ce n’est pas ordinaire. Où avez-vous ramassé ça ?…

Vous devriez mettre un bandeau pour sortir ; on a si vite pris un froid…

— Oh ! oui… mon œil ! Ce n’est rien ; je suis tombée sur l’angle d’un fauteuil dans ma… mais il ne