Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/137

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Flagothier avoua qu’elle dégottait rudement sa montre à lui, celle qui marquait les années bissextiles. Tout le monde « mécanisait » André de questions. Est-ce que ça se vendait couramment au Nul-s’y-frotte ? Est-ce que ça marchait longtemps ? Y avait-il un secret ? Fallait-il dire des mots ou bien est-ce que n’importe qui, du premier coup, en poussant sur le bouton, pouvait faire sortir des pièces ? Combien de fois par semaine fallait-il la remonter, cette montre ?

Elle passait de main en main : chacun renchérissait sur le voisin. Le garçon peigné à l’eau en était abruti et médusé ; planté devant l’objet miraculeux, oubliant le reste du monde, il était complètement rebelle aux appels d’une clientèle assoifée.

— Garçon, finit par hurler le journaliste à l’asticot, la dernière fois que j’ai été à Saint-Gilles, j’étais mieux servi qu’ici !

Il fallut cette apostrophe énergique pour décider le garçon à reprendre son service.

En revenant à la Bonne Source, seul avec Flagothier, Charles se décida.

— Dites donc, Flagothier, il m’a semblé ce soir que vous en pincez un peu pour la jeune beauté qui honore l’argent d’André de son amitié. Est-ce que j’ai eu la berlue ?