Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/139

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prestigieux de Jane aux gros charmes bourgeois de son épouse — et, sérieusement, il s’admira d’avoir pu aimer Rose autrefois, il s’étonna qu’elle eût compté dans son existence.

— J’ai déjà assez d’embêtements comme ça, finit-il par répondre, sans que j’aille encore m’embarrasser de ce que Rose pourra dire ou pourra faire ou pourra penser.

— Si on me disait que vous n’êtes pas d’un égoïsme féroce, se contenta de faire observer Charles, qui comprit que ce n’était pas le moment d’ « entreprendre » Flagothier, je répondrais qu’on a menti.

— Vous auriez raison, répondit Flagothier sans élever la voix. Mais enfin c’est comme ça, et il n’y aurait plus de pain à la maison que ce serait encore comme ça.

Quand Charles se fut mis au lit, l’insomnie le tint deux longues heures. La brutalité de Flagothier faisait mieux valoir, à ses yeux, la calme douceur, le bon sens tranquille de Rose. Il était avec elle dans ce conflit — et, parole, il se sentait heureux, presque fier, d’être du parti de la femme, probe et bonne, contre l’homme égoïste et méchant.

Cela lui nettoyait et lui aérait le cœur.

Lui qui n’avait pas connu sa mère, qui n’avait pas eu de sœur, s’était fait de la femme, d’après les maî-