Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/148

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pourrait être son amant lui apparaissait comme nettement malpropre et imbécile. Malpropre, sous ce toit, à côté de ce mari momentanément égaré et dont il serrait loyalement la main sympathique ; imbécile, parce que, précisément, le meilleur du charme de Rose, de ce charme qui l’enveloppait comme d’un bienfaisant effluve, était fait de l’honnêteté de la jeune femme.

Charles se disait avec sagesse que l’assouvissement du désir éveillé dans sa chair ne vaudrait jamais la sensation très douce et très profonde que lui donnait, à de certaines minutes, l’aimantation de son cœur, décidé à ignorer passionnellement Rose. En conseillant Rose dans la phase périlleuse par où son ménage passait, il pénétrait dans sa confiance et dans son intimité — et de cela seul il éprouvait suffisamment de joie.

Il avait donc « avoué » Jane Reclary et avait donné des détails sur l’aventure, en affirmant à Rose — d’un ton si sincère qu’elle le crut sans une hésitation — que rien ne s’était passé entre cette femme élégante, aux goûts dispendieux, au cœur de trafiquante et Flagothier sans argent et sans audace, et dont le cœur brûlait simplement devant Jane, comme la lampe brûle devant le Saint-Sacrement à la chapelle des Minimes. Oui, Jane avait ensorcelé Flago-