Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tête d’une sueur d’angoisse quand un agent de police vint l’avertir que le commissaire priait son mari de se rendre immédiatement « au bureau ».

« Un tribunal !… » ils allaient « avoir un tribunal ! » Elle en était éperdue, muette de consternation…

Ce même soir, dès 9 heures, Flagothier — à charge de qui le vieux avait déposé une plainte régulière — était attablé dans la salle réservée, à la Boule Plate, bien que Jane et André ne dussent arriver qu’à 10 heures et demie. Mais, pour lui, Jane était présente : il voyait les gestes qu’elle avait faits hier, là, à cette place, à côté de lui, et les gestes qu’elle ferait tout à l’heure, en levant les cartes, en replaçant sur l’oreille une mèche rebelle, en prenant son whisky-soda, en fumant sa cigarette. La pluie, déchaînée, cinglait les carreaux. Julien Rousseau, fort accablé depuis deux jours, n’avait pas osé sortir, une fois la nuit devenue, à cause de ce temps déplorable ; Charles passait sa soirée au théâtre avec des habitués de la maison et Flagothier se sentait mortellement seul, perdu au fond de ce café lugubre.

Dans la pièce voisine, où deux fois la silhouette de Mme Fampin était venue rôder sans se poser, quatre consommateurs pénétrèrent : ils jouèrent aux domi-