Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/186

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mière fois, Odon découchait. À sept heures, elle se décida à prévenir Charles. Lui aussi eut le pressentiment d’un malheur. Mais il se tut, gardant un dernier espoir.

— Énervé comme il l’était hier, Odon aura bu plus que de raison à la Boule Plate ; il aura logé dans le lit-à-tous… Je vais vous le chercher.

— Non, dit-elle, blanche de terreur, il n’est pas à la Boule Plate, j’en suis sûre : ou bien il lui est arrivé un accident, ou bien il est parti avec « elle ».

Charles ne répondit pas. Il courut à la Boule Plate ; l’un des garçons enlevait les volets de la vitrine : de toute la soirée on n’avait vu Flagothier.

Quand il revint à la Bonne Source, Rose avait reçu la lettre d’Odon. Elle la lui tendit.

— Je l’avais toujours pensé, lui dit-elle : il était trop malheureux.

Il lut d’un coup d’œil : « Adieu, je te quitte pour toujours… Je sens bien que je fais mal, ma pauvre femme… C’est plus fort que moi : je n’aurais plus pu vivre chez nous… ne pense plus à moi… tu ne me reverras plus jamais… je te laisse le magasin… tu as de quoi te tirer d’affaire… sois heureuse… »

Rose sanglotait éperdument.

— Qu’est-ce qu’il va devenir ? disait-elle. Il n’a