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CHAPITRE IX


Vers le milieu d’avril, c’est-à-dire cinq mois après qu’Odon avait abandonné Rose, on eut des nouvelles de lui par André.

Après ses représentations à Berlin, Jane Reclary avait « fait » la Pologne, la Saxe et la Bavière : André, de tout ce temps, n’avait pas reçu le moindre billet d’elle. Engagée pour une série de concerts à Biarritz, en juin, elle fit halte à Paris ; André l’y avait rencontrée par hasard. Elle lui sauta au cou, comme si elle l’avait quitté de trois jours, et le pria de l’emmener dîner. Elle s’excusa de son long silence en l’attribuant à la situation équivoque — ce fut elle-même qui prononça : équivoque — qui lui était faite vis-à-vis d’André par Flagothier. Car elle ne dissimula pas une seconde que celui-ci était son amant, un amant avisé et sûr, un amant sachant comprendre les situations, veillant sur elle avec bonté et discrétion. L’empire qu’elle exerçait sur lui, à Bruxelles, elle l’exerçait, de la même façon absolue, au bout de ces six mois. Elle était d’ailleurs enchantée de lui : il