Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/216

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parurent à Mme  Cécile et à Charles, désolés et mornes, comme ils leur semblèrent symboliser le renoncement à la vie, susciter l’idée de l’Irrémédiable !…

Le médecin en chef de l’Institut ne leur cacha rien des craintes que l’état de Julien lui inspirait. Cet homme de science était un homme de grand cœur : les deux amis eurent vite fait de le remarquer. Le front grave, le sourire un peu triste, il les prépara à la surprise qu’ils allaient éprouver devant l’amaigrissement de Julien ; il les prévint afin qu’ils dissimulassent leurs impressions devant ce reste d’homme à qui la mort s’offrait le caprice de faire grâce sans qu’il semblât se douter de sa clémence.

La mort, oh non, il n’y pensait pas ! c’est un des bienfaits du sanatorium que la quiétude dans laquelle il laisse jusqu’à l’extrême limite les condamnés de la tuberculose : livrés aux tracas domestiques de la vie de tous les jours, épiant sur les visages les impressions que la vue de leur croissante décrépitude fait naître, les mêmes condamnés, quand ils sont soignés chez eux, devinent l’approche de l’Intruse ; ils la sentent rôder dans la maison rien qu’aux « préparatifs » que l’on fait dans l’entourage, si silencieusement et si habilement qu’ils soient faits.

Au sanatorium, le voisinage des autres malades, la paix enfin conquise, l’isolement, l’absence surtout