Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/62

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Ça fleurira longtemps, dit Mme Cécile en montrant les boutons du laurier rose. Et ceci, ça fleurira toujours, Rose, si vous le mettez à votre corsage.

Et elle lui passa, dans un écrin, une broche, une ortie en or fleurie d’une opale.

Rose se mit à pleurer. Elle était pleinement heureuse. À travers ses larmes, elle embrassa Charles et Julien. Elle embrassa du même cœur Périnet, sans écouter ses :

— C’est une trèhison… On ne m’avait pas dit !

Le flacon casqué d’or envoya son bouchon au plafond. On trinqua, la face joyeuse, le cœur débordant comme les coupes. Mais une quinte secoua de nouveau Julien. Il sortit tout de suite, il s’en fut au jardin tandis que les convives, brusquement rappelés aux misères de la vie de tous les jours, s’attristaient.

— Ça durera ce que ça pourra, dit Odon, en levant les épaules avec résignation.

— On ne sait jamais qu’est-ce qui doit arriver, dit Mme Cécile. Depuis quelques jours, je suis non plus pas à mon aise. J’ai rêvé, l’autre nuit, avant-hier, que j’avais une dent qui voulait s’en aller ; je tirais et la gencive venait avec. Ça est signe de mort, on dit. Après ça, j’ai rêvé d’une femme enceinte qui donnait à manger à des canaris… Ça est aussi mauvais, saëz-vous.