Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/92

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Gros jouisseur et gros mangeur, il ne s’attardait pas aux préludes du sentiment, ne désirait nullement des amours rares et quintessenciées ; il préférait aux petits plats fins les soupes qui « papent » et les ragoûts qui gonflent.

Pour le moment, cela n’était pas douteux, il avait un gros sac d’argent : Jane Reclary, en effet, n’était pas une femme que l’on gardait pour rien ; or, il n’y avait, dans le cas de l’actrice, aucun emballement.

Sept heures et demie venaient de sonner et Jane Reclary ne s’amenait toujours pas, quand, dans la salle où les gens de la noce jouaient avec application aux cartes, éclata une tempête de cris : l’un des partenaires avait renversé, d’un coup involontaire, son syphoné sur le marbre de la table.

Dans la salle réservée, chacun se gardait de se lever pour aller voir, évitant de « se mêler ». Mais des exclamations arrivaient :

— Ouie ! ouie ! une inondation. Le Maelbeek dans les cafés maintenant !

— Goddoum, ça coule !

— J’en ai aussi…

— Non ?

— Comment, non ? Eh bien, c’est dommage… Rire c’est rire, mais renverser du faro sur ma prop’ robe, ça, ça n’est plus rire.