Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/101

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5 juin… — Je remarque avec plaisir qu’elle a des attentions pour moi et je me dis que l’on n’a pas d’attentions pour quelqu’un qui vous est indifférent. Elle sait que, comme on dit à Mons, je suis mortel après les asperges et les chicons : eh bien ! chaque fois que je dîne chez Tante Lalie (et ça m’arrive bien plus souvent qu’avant) il y a des chicons et des asperges. Or c’est elle — Valentine — qui s’occupe de la cuisine ; ainsi l’a voulu en sa sagesse Tante Lalie, qui lui fait aussi suivre des cours de coupe à l’école professionnelle.

Tous les matins, elle — Valentine — va au marché avec la cuisinière. Le hasard me fait quelquefois passer, et même souvent, par le Petit Marché au moment où elle — Valentine : j’ai je ne sais quel plaisir à écrire ce nom — va aux légumes et aux fruits. J’ai du plaisir à la voir trottiner, aborder les fourboutiers et marchander les cabusettes ou les artoiles de capucins. La cuisinière la suit, un panier au bras. J’arrive, comme par hasard, par la rue de la Halle, je traverse le marché et je les croise près